Camp de Ravensbrück


Camp de concentration
Histoire du site avant la seconde guerre mondiale

Le camp de Ravensbrück est construit à partir de novembre 1938 dans le nord de l’Allemagne, à 90 km au nord de Berlin. C’est le seul camp pour femmes.

Le site est transformé en camp militaire par les armées soviétiques et beaucoup de baraquement ont été détruits. Un mémorial est créé en 1959 dans l’ancien bâtiment cellulaire. L’ancienne Kommandantur du camp, réquisitionnée par les militaires soviétiques jusqu’en 1977, est transformée en musée de la résistance antifasciste à partir de 1984

Le camp était géré par la SS et un contingent de gardienne SS. Il est par ailleurs centre de formation pour les gardiennes SS. Comme dans les autres camps, la gestion des détenues est déléguée à d’autres détenues, choisis par les SS parmi les détenues de droit commun (criminelles) et qui obtiennent pour cela des avantages en nature (nourriture…), c’est pourquoi elles se montrent souvent particulièrement cruelles envers les autres détenues. Progressivement, les détenues politiques vont prendre leurs places et organiser une solidarité (nationale, politique…).

Il ne reste que peu de choses du camp aujourd’hui. Face à la kommandantur et au lac Schwedtsee, on trouve les villas des SS, dont celle du commandant et les logements des gardiennes SS (aujourd’hui auberge de jeunesse). Il n’y a pas de portail, juste une entrée discrète. La grande place d’appel recouverte de mâchefer est aujourd’hui vide, mais s’y alignaient les baraquements où logeaient les prisonnières. La prison abritant aussi les crématoires est toujours visible, transformée en centre international de mémoire: chaque nationalité victime a une cellule qui lui est consacrée. La chambre à gaz a été détruite. On peut toujours voir le couloir des fusillées, espace étroit entre la prison et le crématoire où les SS fusillaient les détenues. Une grande partie du site est encore interdite au public. C’est là que nous avons récolté la terre, entre l’emplacement des bâtiments 2, 3 et 4.

Le camp a fonctionné de mai 1939 jusqu’à sa libération par les troupes soviétiques les 29 et 30 avril 1945.

Ce sont des femmes, opposantes politiques allemandes et polonaises, des juives. Avec le déclenchement de la guerre, les opposantes de tous les pays y sont internées, notamment françaises. Des tziganes et des juives, avec leurs enfants, ont également été internés à Ravensbrück, souvent en transit vers d’autres camps ou centres de mise à mort.

En janvier 1945, le camp comptait 45 000 détenues d’après les registres. Lorsque les Soviétiques le découvrent, il ne reste que 3 500 détenues en très mauvais état, celles (et ceux) qui n’ont pu être évacué par les marches de la mort (20 000 détenus évacués par les routes) ou qui n’ont pas été remises à la Croix Rouge suédoise dans le cadre des accords Bernadotte (7 000 détenues dont de nombreuses françaises). Mais on estime que plus de 130 000 femmes sont passées par le camp de Ravensbrück (avec une estimation de plus de 70 000 parties pour d’autres kommando).

Les chiffres indiquent entre 70 000 et 90 000 victimes mortes à Ravensbrück de faim, de maladie ou assassinées lors des sélections destinées à éliminer les improductives (d’abord par manque de nourriture puis gazée dans la petite chambre à gaz installée à la fin de l’année 1944).

Margarete Buber-Neumann : communiste allemande, réfugiée en URSS à l’arrivée au pouvoir d’Hitler, elle est internée au goulag en 1938 puis livrée aux allemands en 1940 et internée à Ravensbrück. Germaine Tillion, Ethnologue française, résistante du réseau du Musée de l’Homme. Elle est déportée à Ravensbrück en octobre 1943 avec sa mère, Émilie Tillion, qui meurt au camp. Elle écrit une opérette pendant sa déportation, le Verfügbar (disponible) aux enfers, pour continuer à vivre et à rire mais aussi pour témoigner. Dès son retour en France, elle témoigne et révèle la vérité sur les camps. Marie-Jo Chombard de Lauwe, jeune résistante française déportée en juillet 1943 à Ravensbrück et qui a été chargée de la kinderzimmer et aujourd’hui présidente de la fondation pour la mémoire de la déportation. Madame Huard, famille importante de l’histoire de châteaubriant (entreprise de charrues), déportée en mai 1944. Marie-Claude Vaillant-Couturier, résistante communiste, d’abord déportée à Auschwitz puis transférée à Ravensbrück en août 1944. Geneviève Anthonioz-De Gaulle, Résistante du groupe du Musée de l’Homme puis du réseau Défense de la France, elle est déportée en février 1944. Nièce du général de Gaulle et otage de marque pour les Nazis, elle est placée en isolement au bunker jusqu’au 25 avril 1945.

Comme dans les autres camps, les conditions de vie sont très difficiles : manque de nourriture et de repos, d’hygiène et de soin. Il n’y a pas assez de sanitaires pour la toilette ou les besoins, pas de vêtements de rechange et on ne peut faire de lessive. Les appels, longs et nombreux quelle que soient les conditions climatiques, étaient meurtriers. Les femmes aussi sont soumises aux travaux forcés, souvent physiquement éprouvants : administration du camp (secrétariat), entretien du camp, travaux agricoles, dans les usines d’armement… Des usines de textiles et de composantes électriques sont aussi installées à proximité du camp (par exemple Siemens) et emploient des détenues. Certaines femmes étaient employées comme infirmière. Les détenues servent aussi de cobayes pour des expérimentations médicales : recherche sur les blessures de guerre, stérilisations… La plupart en meurent ou sont assassinées pour faire disparaitre des détenues devenues inutiles et gênantes, certains survivent et témoignent, marquées à vie par ces expériences (les Kaninchen, « lapin » dont les jambes ont subie d’atroces mutilations). En tant que camp de femme, Ravensbrück a aussi possédé une maternité, la kinderzimmer. D’abord destinée aux avortements immédiats et obligatoires des détenues arrivées enceintes, elle devient à partir de 1942, un « centre d’accueil » pour les nouveaux nés : les mères y accouchent (dans des conditions inhumaines) et les bébés sont gardés pendant qu’elles travaillent. Rien n’est prévu pour eux alors la plupart meurt en quelque jours voire quelques semaines (sur plus de 500 naissances comptabilisées à Ravensbrück, seuls une cinquantaine de bébés sont 3 Français, survivront).